Prospective d'une refondation épistémologique, Biennale NOVA, Centre Wallonie-Bruxelles, 2025
Vers des Cosmologies Alien,
Prospective d’une refondation épistémologique
Essai et diagramme, catalogue de la Biennale Nova XX 2024 « Plurivers et Contingences », Centre Wallonie-Bruxelles, Paris, 2025
Si les grandes transitions en cours soulèvent des questions d’une ampleur inédite et secouent l’édifice de la modernité occidentale, comment refonder une compréhension du monde ? Et si ces cadres sont déconstruits, comment imaginer de nouvelles cosmologies pluriverselles qui donnent du sens au monde d’aujourd’hui et de demain, mais aussi permettent de faire cohabiter et dialoguer des épistémologies radicalement différentes ?-
Couplant prospective, recherche artistique et philosophies post-humanistes et post-coloniales, le TAC Future Canvas vient ici servir de carte heuristique polygonale pour organiser ce dialogue en spatialisant une diversité de perspectives sur les mondes tangibles et intangibles, et en y introduisant l’horizon futur.
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Réintroduire le futur dans l’univers des connaissances, c’est aussi redonner de la place à l’espace des possibles, à la spéculation, à la fiction, ou encore à la recherche artistique pour repenser ces frontières du visible et construire de nouvelles visions du monde.
A propos de NOVA_XX 2024 ‘Plurivers & Contingence’ au Centre Wallonie-Bruxelles, Paris, une biennale dédiée à l’intrication artistique, scientifique et technologique en mode féminin et non-binaire et à l’aune de la quatrième révolution industrielle / 4.0.
Manifeste de sa curatrice Stéphanie Pécourt : La Biennale est dédiée à celles et ceux qui sous l’étendard d’un genre coalisant et hétérogène furent cantonné.e.s à la nef des marges dans l’ombre des certitudes. NOVA_XX – espace liminal – ambitionne la mise en exergue d’œuvres, d’approches qui s’emparent, critiquent autant qu’elles attestent et incorporent des donnes scientifiques et technologiques.
Des œuvres fortes de leur capacité à la décoïncidence, de mises en tension et qui permettent de potentialiser des mondes non encore considérés et cartographies sinusoïdales. La Biennale déséquence et s’inscrit dans une aspiration à la désobéissance épistémique, dans une réflexion critique de l’éthique de séparation et des dualismes, dans une ode au Plurivers – pluralité de mondes hétérogènes qui réconcilie autant nature et culture, qu’humain et non-humain. Elle est une ode aux performativités aliens, au vivant dans ce qu’il a d’incommensurable, et à la recherche dans ce qu’elle a de fondamentale…
Vers des Cosmologies Alien, prospective d’une refondation épistémologique
Cet article est un nouvel épisode du TAC Future Lab (Toward Alien Cosmologies), un projet de recherche artistique et prospective sur le changement de paradigme actuel qui secoue l’édifice de la modernité occidentale, invite à une refondation anthropologique et épistémologique, et convoque de nouvelles approches pluriverselles du futur.
« Comment imaginer des mondes futurs lorsque tout est ambiguë et incertain !? » est sa folle et impossible question de fond – une question qui résonne tout particulièrement avec les thèmes et l’univers expérientiel, mélioriste et prospectif de la Biennale Nova.
Face à ce défi vertigineux qui dépasse l’entendement et la rationalité conventionnelle, le lab explore depuis 2017 de nouveaux cheminements décloisonnés et hors cadres, par des voies hybrides, artistiques et transdisciplinaires. Cela donne lieu à des créations (diagrammes, installations, photomontages, etc.), publications, conférences, masterclass, ateliers, expérimentations et expositions en France et à l’étranger. Un journal de recherche en ligne retraçe tous les épisodes de recherche du lab : tacfuturelab.org

Recherche polygonale
Le diagramme conceptuel TAC Future Canvas dont ici est présentée une nouvelle version, accompagne les expérimentations et investigations du lab et fait l’objet de versions successives exposées, publiées, présentées ou utilisées en atelier. Il sert de carte mentale et d’outil heuristique polygonal (multi-facettes) afin d’envisager, situer et explorer un très large spectre de focales et de perspectives, qu’elles soient spatio-temporelles, conceptuelles, spéculatives, subjectives, esthétiques ou expérientielles, tout en restant fluide et infini.
Les cinq sphères correspondent à cinq échelles d’analyse de transformation du monde présent et de conception de mondes futurs, dont trois appartiennent aux domaines des réalités partagées (micro, meso, macro), et deux ouvrent sur des dimensions invisibles et plus mystérieuses de l’être et de l’univers (onto et cosmo). Ces cinq sphères sont poreuses, troubles (chacune peut se dédoubler à l’infini), sans frontières ou hiérarchies, et interconnectées. Il n’est en réalité pas possible de les dissocier ni de les cerner mais elles permettent de spatialiser mentalement un sémioscape [1] et de jalonner un espace imaginaire où faire apparaitre et cartographier des connaissances comme des visions du monde.
Elles dessinent une nébuleuse flottante dans un arrière-plan polygonal et infini (extro) qui les remet en perspective selon de nombreux axes qu’ils soient cognitifs ou temporels, humains ou non-humains (alien). Cet arrière-plan forme un espace ouvert (Open Polygon) où situer une diversité de prismes, que ce soit pour analyser les mouvements qui font bouger le monde aujourd’hui, explorer des mondes futurs en positionnant des jeux d’hypothèses et de projections – ce que fait la recherche prospective à différentes échelles de temps et y compris au regard de l’histoire -, ou encore ancrer, conscientiser et clarifier les biais cognitifs et épistémologiques adoptés.
La version du diagramme ici présentée met l’accent sur cette dernière dimension où s’ouvre une myriade de points d’entrée possibles et un monde vertigineux à lui seul, en résonnance avec la refondation épistémologique à laquelle donne lieu le changement de paradigme actuel comme nous allons le voir.
Dans cet essai (qui pourrait être un ouvrage infini), nous allons cheminer dans cet espace immatériel et approfondir ce croisement entre conception de monde, enjeux épistémologiques et art de la prospective, en espérant y trouver un peu de clarté…
Mondes Futurs et nouvelle frontière de la prospective
Née au tournant de la 2e guerre mondiale en Europe et aux USA, la Prospective est le domaine d’investigation des potentialités du futur dans toutes ses dimensions, défini par l’un de ses pères fondateurs le philosophe Gaston Berger [2], comme une « anthropologie de l’avenir ».
La Prospective ouvre, explore, construit et interroge de très diverses hypothèses futures. Si certaines s’apparentent à des expressions futurologiques (effet d’annonce), cette forme de recherche (qui fait partie du domaine des Future Studies), reste spéculative et n’a jamais valeur de prédiction ou de vérité. Ses méthodologies constituent une discipline péri-académique et font l’objet de nombreuses évolutions et expérimentations au gré des défis futurs lancés à la société, aux organisations et institutions, et à l’humanité.
La prospective est ainsi une pratique poreuse, plurielle et transdisciplinaire, venant mobiliser des connaissances de nombreux domaines académiques (sociologie, sciences politiques, économie, philosophie, sciences de l’environnement, anthropologie, technologies et humanités numériques, psychologie, neurosciences, théologie, etc.) mais aussi artistiques (design, architecture, Science-Fiction, art, performance, etc.).
Les enjeux actuels de changement de monde et de paradigme, que les prospectivistes caractérisent par tout un éventail de concepts – monde VUCA (Volatile, Uncertain Complex and Ambuigous), Post-Normal Times, Deep Transition, Queer Futures, etc. – remettent en question les méthodologies historiques et le cadre de pensée de la discipline. Ce décadrage de la prospective se joue en miroir du décadrage et de la refondation anthropologique et épistémologique évoquée précédemment.
En arrière-plan de ces trois domaines se pose justement la question de comment reconstruire des mondes et des visions du monde, ce que nous appelons ici des cosmologies, soit étymologiquement des manières d’ordonnancer des mondes et des univers, et de leur donnant un sens – que ce soit par des discours scientifiques, philosophiques, artistiques ou religieux.
Comme le rappelle Isabelle Stenger [3], la science moderne (et chacune de ses disciplines) a formaté une certaine vision et vérité du monde, réduit à ses phénomènes observables, et suivant une logique de causalité. Les religions et mythologies font de même mais autrement. En réalité, chaque cadre épistémologique, approche et même langage (voir les mots-clés du diagramme), sont autant d’artifices pour formater le monde, un monde pourtant infini, mouvant et incommensurable.
Par un effort de zoom-out vers l’échelle cosmologique, il devient possible de mettre en perspective, interroger et peut-être mieux faire évoluer ou interconnecter ces cadres épistémologiques dans toute leur diversité, comme préalable à l’ébauche de nouvelles cosmologies et épistémologies pluriverselles.
Changement de monde, transitions et frontières ontologiques et cosmologiques
Avant d’entrer sur le terrain des nouveaux mondes, rappelons succinctement [4] l’ampleur des enjeux prospectifs et combien ils demandent d’introduire de nouvelles perspectives (échelles onto et cosmo), au-delà des changements socio-politiques et systémiques (échelle micro, meso et macro – soit les échelles typiquement adressées en prospective).
L’Anthropocène et la transition environnementale qui couplent capacités de transformations inédites et prise de conscience des limites planétaires, resolidarisent l’humain et le non-humain, et imposent une réflexion sur les devenirs planétaires et le temps long, bien au-delà des cadres de la rationalité matérialiste occidentale. Comme le propose Arturo Escobar dans Designs for the Pluriverse [5], les ontologies et cosmologies des peuples indigènes, sont de nouvelles ressources cognitives pour appréhender ces perspectives et refonder des visions du monde et des épistémologies pluriverselles.
De concert, la transition démographique et post-coloniale, ce grand mouvement de rééquilibrage Nord-Sud et de métissage du globe, réintroduit dans le spectre de compréhension du monde, des ontologies qui relèvent de l’invisible, au point de flouter la frontière de la réalité et de ce que l’occident appelle la fiction. Le philosophe Mohamed Amer Meziane montre dans son dernier ouvrage [6], combien l’anthropologie occidentale de Latour et Descola, qui pourtant renoue avec l’animisme – en réalité une invention occidentale -, fait l’impasse sur les entités divines qui peuplent le monde musulman, façonnent un autre ordre de la réalité, et contribuent à son régime de vérité.
De même, selon cette métaphysique, l’univers mental et notamment l’inconscient, n’est pas enceint dans le cerveau humain, mais l’un des royaumes du monde, susceptible d’être visité par ces entités et forces supranaturelles. Bien d’autres traditions discursives et philosophies existentielles [7] – telles que les cosmologies bouddhiques par exemple – ordonnent le monde en multiples royaumes visibles et invisibles dotés de lois spécifiques.
Enfin, troisième grand mouvement planétaire, les technologies et la transition digitale génèrent, comme les deux autres des impacts résolument multi-scalaires (micro-meso-macro), et contribuent également à l’évolution des schémas ontologiques, cosmologiques et épistémologiques. Les IAs (intelligences artificielles), ces boites noires qui défient la rationalité humaine par des raisonnements et créations algorithmiques opaques, font parties des nouvelles ontologies avec lesquelles faire société, et secouent les mécanismes de fabrique de la vérité.
Le déluge informationnel qu’elles contribuent à accélérer de manière exponentielle par la génération de contenus fake mais bien réels, donne lieu au paradigme de la post-vérité qui ne manque pas de complexifier la refondation épistémologique et cosmologique évoquée.
La sphère numérique introduit par ailleurs de nouvelle manière de concevoir et penser des mondes qui nous intéressent.
D’une part, la conception des algorithmes et le déminage de leurs biais reposent sur le « monde implicite » qui leur est inculqué, sachant qu’une IA n’a priori aucun sens du monde et de ses principes, à commencer par celui de la gravité. Il faut donc leur donner ce que les ingénieurs nomment un « sens commun », soit un ordonnancement du monde (cosmologie) qu’il reste à modéliser. Cela demande, comme pour l’ère de l’Anthropocène, un décentrement radical de l’humain vers l’alien, soit l’altérité sous toutes ses formes.
D’autre part, l’émergence des réalités virtuelles et des univers persistants (métavers) donne lieu à un foisonnement de nouveaux mondes et univers immersifs qui justement, dessinent une cosmologie de multivers, et contribuent à l’ébauche de mondes futurs, cette fois-ci sous l’angle des mondes imaginaires, comme nous allons maintenant le voir.
Mondes et univers imaginaires
S’ils sont souvent solidarisés sous l’étiquette de mondes alternatifs, les mondes virtuels, les mondes imaginaires mis en scène dans les œuvres d’art et dans les œuvres de science-fiction, sont en réalité bien distincts et vont nourrir de différentes manières notre investigation. Les œuvres littéraires et filmiques de SF ou encore de Cli-fi (Climatic Fiction), sont intentionnellement tournés vers le futur, et intéressent tout particulièrement le domaine de la prospective car elles permettent d’appréhender des hypothèses et risques à venir, notamment à l’échelle planétaire (macro).
Ces mondes riches et élaborés, laissant place à une ample diversité ontologique (nombreuses créatures), sont constitués par de lois physiques (régime et univers spatio-temporel) et existentielles (modalité et sens du vivre-ensemble) qui caractérisent leur cosmologie implicite. Ils restent cependant foncièrement disjoints du monde réel (cadre et « royaume » de la fiction).
Et comme le précise Amelia Barikin dans son essai « Making World in Art and Science-Fiction » [8] les propositions de mondes possibles issus de la SF restent centrées sur le fil du récit, l’expérience des protagonistes (micro), ainsi que celle du spectateur humain en quête de divertissement, ce qui biaise et limite l’investigation prospective. A contrario poursuit-elle (citant Bourriaud), les mondes spéculatifs et non-narratifs imaginés par les artistes – et la Biennale Nova en est un parfait exemple – viennent proposer des hypothèses, des modèles et des conditions d’habitabilité de mondes futurs.
D’autre part, remobilisant les apports de Goodman [9], DiGiovanna [10] puis Suvin [11], elle rappelle combien ces mondes fictionnels, qu’ils soient issus de la SF ou de l’art, dessinent et offrent la possibilité d’explorer des régimes de vérité alternatifs, humains et non-humains, terrestres et extra-terrestres, c’est-à-dire étranges (alien).
Bien qu’il ne cite pas ces auteurs, le philosophe Quentin Meillassoux montre dans son ouvrage « Métaphysiques et fictions des mondes hors-science » [12] combien tout l’édifice de la Science occidentale – à commencer par ces grands principes d’observation et d’expérience énoncés par Popper et critiqués par Stenger parmi de très nombreuses autres voix – est rivé à la réalité terrestre et son régime spatio-temporel, et tente de s’en émanciper par la pensée comme le fait la SF.
Mais que ce passe-t-il lorsque la frontière fictionnelle, typique de la pensée universaliste et humaniste occidentale qui a scindé art et science pour mieux les travailler (et les interroger en regard l’un de l’autre comme nous le faisons ici), ne tient plus ou n’existe tout simplement pas comme c’est le cas dans d’autre traditions épistémologies non-dualistes ? Quelle cosmologie alien pluriversaliste permettrait de repenser, refonder la cartographie et l’architecture de ce paysage immatériel aux multiples royaumes, terrestre et a-terrestre ?
Les mondes virtuels immersifs et persistants tels que les univers de jeux vidéo, relèvent pour leur part des mondes imaginaires non pas fictionnels mais a-terrestres (non soumis aux contraintes matérielles et gravitationnelles planétaires), ne sont plus disjoint du monde réel, et constituent de véritables milieux de vie (meso). Peuplés d’un spectre infini d’ontologies (avatars), façonnés et régis par un ensemble de règles émancipés des lois terrestres, ils démultiplient les potentiels d’exploration à la fois de forme d’espace-temps, de régime d’habitabilité et de conditions d’existence [13], tout en étant intimement reliés aux mondes humains.
Ces mondes virtuels, où des millions d’individus agissent et consacrent des pans entiers de leur journée transforment, distordent ou démultiplient, l’espace-temps planétaire contemporain, autant que ses conditions existentielles pour devenir multivers. Si chacun de ses univers et mondes enchâssés, dispose de sa propre cosmologie – composée d’une typologie d’espace-temps, de conditions d’habitabilité et d’un régime épistémologique -, quelle cosmologie pluriverselle les fait (les ferait mieux) cohabiter ?
A la recherche de nouvelles architectures épistémologiques
Dans son essai « In a Free Fall », Hito Steyerl [14], interroge le vertige et la désorientation que provoquerait l’abandon du cadre et des fondations épistémologiques de l’humanisme occidental, construites selon une perspective anthropocentré et géo-centrée, à la fois horizontale (lignes de fuite et linéarité du temps), et verticale (objectivation du réel, observation spatiale et ascendance de l’homme). Cette déconstruction nous laisserait en réalité dans un état de flottaison stationnaire dans un espace infini, sans haut ni bas (extro), où pourraient être redistribuer les cartes du monde en vue d’une justice planétaire future, et renaitre de nouvelles certitudes. Son propos est manifestement empreint d’une confiance en l’avenir qui n’est pas celle de tous.
Une autre hypothèse énoncée par la prospectiviste Ivana Milojevic [15] est que la remise en question du cadre scientifique occidental, dorénavant perçu comme bien trop instrumental et biaisé (racisme et sexisme systémique, relégation de l’émotionnel comme de l’invisible et du spirituel, etc.), se joue en tandem avec la remontée des croyances ésotériques – la vérité est cachée ou inaccessible – en des « agents invisibles » au cœur des théories conspirationnistes. Le doute au cœur du projet scientifique se mue en défiance certaine. Dans ce régime de vérité, « la messe est dite » pourrait-on dire, non sans rappeler celui des traditions discursives religieuses ou d’autres entreprises de diabolisation, qui déplacent la frontière du vrai et du faux vers celle du bien et du mal, et renoncent à l’effort de démonstration.
Ces glissements parfois très subtils, rappellent toute la complexité des enjeux de la post-vérité, la plasticité et la porosité des écosystèmes de la connaissance, et combien, en arrière-plan de la question épistémologique, se joue bien la question des visions du monde et des fonds cosmologiques. Dans son essai, Milojevic montre la nécessité et l’importance d’une forme d’ancrage dans un (ou plusieurs) régime(s) de vérité pour appréhender le présent et l’avenir.
Or il n’y a pas d’ancrage possible sans fond de carte explicite – ou sinon l’ancrage reste hasardeux, autocentré et replié dans une bulle -, et s’est bien l’enjeu de la refondation anthropologique et épistémologique en cours. De même, dans ses travaux sur le pluriversalisme transmoderne, Dussel [16] invite à s’émanciper des fondements euro-centriques, tout en évitant de retomber dans l’écueil des fondamentalismes tiers-mondistes ou religieux de tout ordre. Comment dès lors reconstituer un socle commun à la fois ouvert et pluriel ?
En conclusion et ouverture, citons les travaux de Francesca Ferrando [17] qui dans son ouvrage Philosphical Posthumanism revient sur les enjeux de la diversité ontologique post-coloniale, ou encore sur la notion de multivers – mettant en regard la cosmologie occidentale et la philosophie [18] -, mais surtout propose un perspectivisme posthumaniste qui nous intéresse.
Si le perspectivisme philosophique énoncé par Nietzsche – à la suite de Leibnitz, et auquel fait également référence DiGiovanna – tend à faire disparaître toute forme de vérité (tout est subjectif, tout est relatif, comme le post-modernisme l’affirmera également), elle lui redonne un nouveau sens en le croisant avec les épistémologies féministes situées [19] et ses réflexions sur les ontologies post-humanistes.
Ce nouveau perspectivisme consiste à multiplier les perspectives humaines et non-humaines, afin de mieux accéder à la réalité des faits (qui restent des points d’ancrage), sous différentes facettes et selon différentes épistémès – et dès lors bien plus en adéquation avec le paradigme du pluriversalisme post-colonial, l’Anthropocène ou à l’ère numérique.
Comme mentionné précédemment, c’est selon cette même approche (que nous appelons pour notre part polygonale) qu’est conçu le TAC Future Canvas qui sert de guide pour adopter et situer une très grande diversité de perspectives, de vocabulaires et d’approches.
Ce diagramme introduit aussi l’idée que l’horizon des futurs pluriels ainsi jalonné, peut constituer un axe épistémologique et une carte commune d’un nouveau genre, formant une topologie conceptuelle approximative mais en état stationnaire et partageable.
La recherche artistique hybride peut tout particulièrement contribuer à explorer, révéler et clarifier ce paysage cognitif et prospectif (futurescape) de type imaginal [20]. Si dans « Manière de faire des mondes » Goodman tourne autour de la justesse des mondes crées en relation avec le réel (et s’enferme dans une impasse épistémologique), nous rouvrons et réorientons cette question dans le vaste champ spéculatif des hypothèses futurs et des potentialités, c’est à dire ni vraies ni fausses.
Ainsi, contrairement à Leibnitz et Lewis qui pensent les mondes possibles comme inaccessibles et hermétiquement disjoints de notre monde, nous réintroduisons ces mondes possibles comme contingent, présent au cœur de notre monde, justement dans ses dimensions imaginaires et virtuelles. Dans cet espace heuristique des possibles, peuvent se rencontrer, les « vérifier » ou les remettre en jeu, un large spectre de discipline, de régime de vérité, et de pratique de (dé)monstration, dans un véritable flou artistique et génératif, où semble se préfigurer autant la connaissance que des mondes futurs, résolument devenus multivers pluriversels.
Notes
[1] Voir le diagramme Semioscape paru dans Menetrey, S. & Bidault-Waddington, R. (2016) Semiospace, a Spaced out artistic experiment, editions Clinamen, Genève. Ce diagramme reprend le principe de recherche polygonale initialement conçu et mis en mouvement dans le projet Polygon, exposé sous forme d’installation performative, dans The Incidental Person (after John Latham), à Apex Art, New York, 2010.
[2] Berger, G. (1955). L’Homme et ses problèmes dans le monde de demain. Essai d’anthropologie prospective, republié dans Berger, G., Bourbon Busset, J. de, & Massé P., (2007). De la prospective : textes fondamentaux de la prospective française, 1955-1966, Harmattan.
[3] Stenger, I. (1997). Sciences et pouvoirs, faut-il en avoir peur ?, Labor.
[4] Voir nos panoramas des mutations du monde contemporain plus amplement dépliés dans nos conférences ou dans Designing Post-Human Futures (2021), in Carrillo, J. & Koch, G. (eds). Knowledge For the Anthropocene, E. Elgar Press, et Vers des Cosmologies Alien, Topologie Prospective d’une Refondation Anthropologique, in FuturH Anthologies Prospectives #4, 2020.
[5] Escobar, A. (2018). Designs for the Pluriverse, Radical Interdependence, Autonomy, and the Making of Worlds, Duke University Press.
[6] Amer Meziane, M. (2023). Au bord des mondes, vers une anthropologie métaphysique, éditions Vue de l’Esprit.
[7] y compris occidentale, à commencer par la chrétienté qui fait exister le royaume des cieux, l’enfer et le paradis, mais aussi dans les cosmologies contemporaines et scientifiques qui formalisent mathématiquement l’existence de multivers, ou encore la théorie des imaginaires, comme nous le verrons plus loin.
[8] Barikin, A., (2013). Making Worlds in Art and Science-Fiction, in Cleland, K., Fisher, L. & Harley, R. (Eds.) Proceedings of the 19th International Symposium of Electronic Art, ISEA2013, Sydney.
[9] Goodman, N. (1978). Ways of Worldmaking, Hackett Publishing.
[10] DiGiovanna, J. (2007). Worldmaking as Art Form, The International Journal of Arts in Society, 2.1.
[11] Suvin, D. (1972), On the Poetics of the Science, Fiction Genre, College English, 34.3.
[12] Meillassoux, Q. (2013). Métaphysique et Fiction des Mondes Hors-Science, Aux Forges de Vulcain, Paris.
[13] Le mouvement du Transhumanisme construit son édifice théorique se ces bases, introduisant par exemple des notions d’éternité numérique au-delà des limites de la condition d’existence humaine.
[14] Steyerl, H. (2011). In Free Fall: A Thought Experiment on Vertical Perspective, e-flux Journal #24.
[15] Milojevic, I. (2020-23). Mirror, mirror on the wall, who should I trust after all? Future in the age of conspiracy thinking, unesco.eu.
[16] Dussel, E. (2009). Pour un Dialogue Mondial entre Traditions Philosophiques, in Cahiers des Amériques Latines #62.
[17] Ferrando, F. (2019). Philosophical Posthumanism, Bloomsbury Academic. Voir également son essai Toward a Post-Humanist Methodology, a Statement, paru en 2012 dans Frame, Journal for Literary Studies, Utrecht University, que nous avions cité dans Designing Post-human futures, ibid.
[18] Cet essai se concentre sur le triangle épistémologie, cosmologie et prospective, et dc nous ne développons pas ici les enjeux de la diversité des espace-temps qui est un autre volet de la question cosmologique.
[19] Voir les nombreux travaux de Donna Haraway à commencer par Haraway, D. (1988). Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective. In Feminist Studies, Vol. 14, No. 3.
[20] Le philosophe Henri Corbin définit l’imaginal comme un espace imaginaire de figuration mentale, distinct à la fois de la production d’image mentale mimant le réel, et de l’imagination fictionnelle. Voir Corbin, H. (1964). Mundus imaginalis ou l’imaginaire et l’Imaginal, in Cahiers internationaux de Symbolisme #6.
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
Axe 3 : Art et Recherche Prospective
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Futurescape : Art x Futur x Learning x IA, ISC Campus, Paris, 2023-24.
Futurescape Lab
Expérimentation Art, Futur et Innovation pédagogique
Campus ISC, Paris, 2023-2024.
Ce programme expérimental d’une année mené avec l’ISC Paris s’articule autour de l’exposition d’une nouvelle version du TAC Future Canvas déployé ici sous la forme d’une installation interactive dans le hall de l’école et appelée Futurescape.-
Celle-ci va permettre de mener différentes expérimentations pédagogiques et prospectives à destination des étudiants, enseignants, direction et entreprises partenaires de l’école, et prenant la forme de masterclass, atelier, publication, conférence.
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L’atelier Futurescape Lab venait explorer les enjeux prospectifs de l’IA en utilisant l’installation et en travaillant à partir d’images du futur générées par IA. Un compte-rendu de l’expérimentation pédagogique est publié dans le Livre-Blanc de l’école.

Présentation du projet
L’ISC est une école de commerce parisienne fortement positionnée et engagée sur la diversité et l’inclusion, ainsi que sur l’innovation pédagogique, notamment par son approche du Action Learning.
Conçu spécifiquement pour l’école qui souhaitait introduire une dimension artistique dans ses innovations, le projet Futurescape s’articulait autour d’une installation artistique et prospective exposée dans le hall de l’école et se déroulait en plusieurs séquences de fin 2023 à fin 2024.
L’installation comprend une nouvelle version du TAC Future Canvas avec toujours ses 5 sphères, accroché sur un grand mur peint en vert (couleur des tableaux d’école), sur lequel il est possible d’écrire au marqueur blanc.
En introduction du projet, le Masterclass « Art et Futurs Inclusifs », destiné aux étudiants du Master International (module pédagogique dirigé par Sabine Bacouel), permettait de montrer comment les expérimentations artistiques contribuent au futur et peuvent être des vecteurs d’innovation inclusive, notamment urbaine.
L’atelier Futurescape Lab (voir ci-dessous les détails), programmé pendant la Semaine de l’Apprendre de l’école, invitait les étudiants internationaux (niveau master), à explorer, en utilisant l’installation artistique, les enjeux de l’Intelligence Artificielle, grand thème de l’année de l’école.
Un long article paru dans le Livre Blanc de l’école a permis de mettre en lumière les bénéfices de l’expérimentation pédagogique, que ce soit : le principe de « futur lab » qui stimule l’engagement, l’imagination ou le désir de compréhension (donc de chercher de la connaissance et d’apprendre) ; la mise en scène et en espace de l’expérience qui permet d’avoir une bonne dynamique collective (action learning), de sortir du format du cours conventionnel, voire de transgresser le cadre de l’école (interdiction d’écrire sur les murs) ; le travail par l’image, le diagramme ou le grand format, qui permet de visualiser et de raisonner autrement ; la restitution publique des production à l’occasion d’un événement de l’école comme accélérateur de motivation pour faire un travail abouti ; etc.
Plusieurs événements à destination des entreprises partenaires de l’école rythmait l’année et ont permis de mettre en perspective et valoriser le projet parmi les innovations de l’école, tels que par exemple le partenariat stratégique avec le très prometteur Handilab, développé par la Fondation Fiminco à St Denis.
Atelier Futurescape Lab
L’atelier commençait par un temps de réflexion partagée sur l’ampleur des enjeux de l’IA grâce au diagramme qui permet d’appréhender l’ampleur des impacts et la bigger picture – et d’autant plus que ce diagramme est né d’une réflexion sur les enjeux prospectifs de l’IA, voir à ce sujet la genèse du TAC Future Lab.
Les étudiants étaient ensuite invités choisir des sous-thèmes, et à décrypter des images du futur de ces sous-thèmes produites par Chat GPT + Dall-e pour réfléchir à la vision du futur ‘imaginée’ par l’IA, affûter leur sens critique et gagner en discernement sur ses biais implicites.
Les trois sous-thèmes étaient : Future of Eating, Future of Work, et Future of Dating.
Venait ensuite un temps d’ouverture créative avec l’installation qui servait d’espace de brainstorming et de génération d’hypothèses prospectives sur le futur dans une vision élargie du monde, afin que les groupes croisent leurs étonnements, interrogations et idées. La possibilité de circuler dans l’espace, d’écrire sur le mur et d’échanger en toute liberté contribuait au décloisonnement de la réflexion.
Les groupes de travail avait ensuite pour tâche de construire une vision d’avenir de leur sous-thème sur de grandes planches visuelles, en se servant du TAC Future Canvas, d’images et d’informations recherchées en ligne.
Pour en savoir plus, télécharger l’article paru dans le Livre Blanc de l’école + qq images ci-dessous.
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
Axe 3 : Art et Recherche Prospective
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Journée Art, Innovation et Prospective, Louvre Lens Valley, 2024
Innovation Culturelle et Prospective
dans un monde en transitions
Journée « Art, Innovation et Prospective », Louvre Lens Valley, Lens, 2024.
Destinée à l’écosystème d’innovation du Louvre Lens, et aux participants du programme d’accélération de son incubateur Louvre Lens Valley, cette journée comprenait trois masterclasses, suivi d’un atelier d’analyse des tendances prospectives.-
Le premier permettait de se familiariser avec la diversité des approches du futur, depuis la prospective jusqu’à l’art, en passant par le design, l’innovation et la Science-Fiction. Dans le deuxième, Raphaële Bidault-Waddington présentait l’historique de ses différents labs artistiques et prospectifs, et la genèse du TAC Future Lab et ses outils de recherche.-
Le troisième proposait, en introduction de l’atelier, un panorama des transitions qui font bouger le monde aujourd’hui et dessinent les enjeux des mondes futurs. L’atelier d’analyse de tendance, était ensuite coconstruit avec les participants pour répondre et nourrir leurs enjeux plus spécifiques.

Présentation
Louvre Lens Valley, lieu hybride situé à proximité du musée du Louvre Lens, a été créé pour stimuler le développement de la région autour du musée. Il propose un programme d’accélération de projets dans le domaine des industries créatives et culturelles (ICC), et organise des événements tels que cette journée « Art, Innovation, Prospective » afin de fédérer, faire se rencontrer et fertiliser les écosystèmes d’innovation de la région.
Les participants de la journée sont issus des sphères aussi bien artistique et académique, qu’institutionnelle, entrepreneuriale ou associative.
Le premier masterclass donnait un aperçu de la diversité des approches du futur, que ce soit par l’innovation et le design, la prospective, l’aménagement territorial, la science-fiction, l’art, la modélisation des transitions ou l’analyse de tendance.
Dans le deuxième, RBW présentait son écosystème de recherche artistique et prospective remontrant de manière plus concrète comme l’art peut contribuer à l’innovation dans toutes ses dimensions – qu’elle soit technologique, durable, culturelle, sociale, territoriale, prospective, etc. -, puis le TAC Future Lab dont le diagramme méthodologique sera utilisé l’après-midi.
Le troisième masterclass (conférence iconique du TAC Future Lab, mais adaptée au public du Louvre Lens Valley), proposait une vision à 360° des grandes transitions environnementale, digitale et démographique qui font bouger le monde aujourd’hui, à approfondir en atelier…
Atelier
Afin d’optimiser la pertinence et l’utilité de l’atelier, les participants sont invités à choisir des thèmes prospectifs qui les concernent tout particulièrement et à se structurer en petit groupe de cinq personnes.
Après une présentation de la méthode et du TAC Future Canvas, chaque groupe mettait en marche une exploration des tendances comprenant : un temps de brainstorming, une recherche d’informations et d’images, un effort de reconceptualisation créative à l’aide du canevas et de planches de travail, ainsi que des temps de partages et de discussion avec les autres groupes.
Les groupes formés ont ensuite poursuivi ce travail d’amorce en toute autonomie pendant les semaines qui suivaient l’atelier, et en soutien du développement de leurs projets ou activités.
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
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TAC Future Lab
ouvrir de nouveaux horizons épistémologiques et pédagogiques
limit/no limit, AD REC (Art&Design), ENSCI, ENS Saclay et Université Paris Sorbonne 1 et 3, Paris, 2024
Cette intervention est l’occasion de reparcourir les enjeux liés à la connaissance du TAC Future Lab.Si les expérimentations menées permettent de montrer les vertus pédagogiques et transdisciplinaires du TAC Future Canvas, la présentation met également l’accent sur la production de connaissance par l’art. Dans notre cas, cela se traduit notamment par des recherches par l’image (moodboards), l’art du diagramme ou le design d'installation à la fois artistique, performative et heuristique.
-
D’autre part, les mouvements des transitions soulèvent de nombreux défis en matière de connaissance (post-vérité, IA, éducation durable, pluriversalisme post-colonial, etc.) ; le processus de refondation anthropologique en cours se double en réalité d’un processus de refondation épistémologique et plurielle pour penser le monde. Le TAC Future Canvas ouvre des pistes pour remettre en perspective les cadres épistémologiques dans toute leur diversité.

Abstract
Par son ampleur planétaire inédite, le contexte actuel de transitions multiples (monde VUCA, Deep Transition) est une invitation, si ce n’est une obligation, de repenser notre manière d’habiter la planète, de voir le monde et de nous projeter vers l’avenir. Comment refaire monde lorsque tous nos cadres anthropologiques et épistémologiques sont remis en question ?
A l’occasion de cette communication nous partagerons des éléments de recherche issus du TAC Future Lab (TAC pour Toward Alien Cosmologies – journal de recherche bientôt disponible sur tacfuturelab.org) menés depuis 2018. Son objectif est d’explorer comment concevoir de nouveaux mondes futurs dans une démarche d’innovation méthodologique transdisciplinaire mêlant prospective, art conceptuel, design, philosophie et pédagogie inclusive, parmi d’autres disciplines mobilisées dans les travaux du lab. Afin de s’émanciper des cadres épistémologiques conventionnels tout en respectant leur héritage et la possibilité de les relier, la création de nouveaux vocabulaires, architectures cognitives et ingénieries d’idées en est un point essentiel.
La démarche du lab inclue le design de diagrammes artistiques et méthodologiques, permettant d’ouvrir des espaces de recherche prospective radicalement transdisciplinaires et multidimensionnels (que nous appelons recherche polygonale), de croiser les savoirs et les points de vue, et d’explorer de nouvelles formes de monde. Ces dispositifs heuristiques, qui peuvent être spatialisés et mis en scène à l’occasion d’ateliers ou d’expositions, laisse leur place à l’imagination et à l’inconnu (ce que nous appelons le facteur alien), point sur lequel l’apport de l’art s’avère décisif et contribue à l’effort d’innovation pédagogique et d’empowerment du lab.
RBW
Slides de l'intervention
A propos de limit/no limit, AD REC, Paris
La conférence limit/no limit, qui aura lieu du 24 au 26 janvier 2024 dans le cadre de Art Design Recherche Conference [AD•REC], invite les esprits créatifs, les chercheurs et les passionnés d’art et de design à se rassembler pour mener une réflexion sur la question de la limite dans le contexte de la recherche artistique et de la conception en France. Le comité scientifique a sélectionné 40 propositions sur plus de 150 qui reflètent une approche critique et réflexive, ainsi que des contributions qui présentent des exemples concrets de collaborations interdisciplinaires et résilientes.
Dans un monde façonné par la modernisation des sociétés et la diffusion rapide d’un modèle productiviste capitaliste mondialisé, cette conférence se veut une plateforme de réflexion critique et créative sur les défis sociétaux actuels. limit/no limit propose d’explorer différentes dimensions historiques et géographiques de la notion de limite, soulevant des questions cruciales.
Axes de recherche de la conférence :
1. RESSOURCES / La recherche en art et en design pour de nouvelles articulations entre communautés humaines et ressources naturelles.
2. SYSTÈMES / De quelle manière l’art et le design contribuent-ils à construire de nouveaux modèles de société ?
3. ÉPISTÉMOLOGIE / Comment l’art et le design contribuent-ils à la fabrication de nouveaux modes de savoirs ?
Site et programme de la conférence : limitnolimit.fr
Compte-rendu de toutes les inteventions sur le padlet de la conférence.
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
Axe 3 : Art et Recherche Prospective
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Toward Alien Cosmologies (TAC)
a future world-building approach
“Exploring Liminalities”, 25th World Future Studies Federation Global Conference, Ecole des Ponts, Paris, 2023.
Cette intervention programmée dans la session 'Science-Fiction, Future Worlds & Cosmologies', est l’occasion de repositionner les travaux du TAC Future Lab dans l’agenda de la recherche prospective internationale, et de clarifier comment le TAC Future Canvas contribue à l’avancée de la discipline en réponse au changement de paradigme actuel, sur lequel les prospectivistes s’accordent.-
Le diagramme propose une nouvelle « topologie » critique du futur structurée en 5 sphères / 5 échelles (onto, micro, meso, macro, cosmo) de transformation, qui permet aussi bien de cartographier les tendances et transitions en cours, que de concevoir des mondes futurs.
-
Mis en regard d’autres outils prospectifs, le canevas permet également d’intégrer ou de mettre en perspective d’autres approches du futur ou de world-building.

Abstract
In this presentation, we will clarify why the current paradigm shift and liminal stage call for the design of post-humanist future worlds, as open bigger pictures, in which future scenarios, trends, transitions, or strategies can unfold.
As we will show, the three large digital, environmental, and demographic transitions are in the process of disrupting western anthropological and epistemological foundations, and require new visions of the world and future cosmologies – the term is used here in its anthropological sense, i.e., as ways of ordering the world and giving meaning to existence.
The Anthropocene asks to reinvent the human condition on Earth, ranging from daily life-styles to our relation and thinking of nature, from urban ecosystems to the global economy, from legal frames to holistic global perspectives and including our relation to outer space, and the future horizon. Simultaneously, the digital transition is also impacting the entire society from most intimate aspect of life such as dating, to the geopolitical order, from work and business to education and health… The technological acceleration even generates new alien realities and ontologies such as AIs, xeno-bots, distributed autonomous organizations and metaverses becoming protagonists, stakeholders, and life-milieus to make a society and worlds with…
These extended transitional processes include revisiting all our rationalities, in search for new forms of post-colonial equities, imaginaries, and universalisms, while the global demography is also in deep transformation.
From that ecosystemic perspective, we will introduce a fluid and multiscalar matrix to design future worlds, resulting from an iterative methodological research process (initiated in 2017) and combining elements from foresight, futures design, world-building, Multi-Level Perspective, transition design and art.
RBW
Presentation slides
About "Exploring Liminalities", 25th WFSF Global Conference
Complex systems are predictable – until they are not! At a time of pan- and perma-crises… war-ridden continents, pandemic, climate change… that do not stand alone, but are intertwined and in complex relation with each other, feeding upon the disruption they engender individually and jointly, the fateful tipping point may indeed seem nigh. Whether the tipping point is before or behind us, we are certainly in a liminal state – a state of flux, in between worlds.
Liminality is a state of emergence and becoming. A state of possibilities and of transformations, as well as a state of radical uncertainty and not knowing. A state in which how we respond to the problem – as individuals, organisations, even society – may in fact be part of the problem! A state in which the tried and true may transform into the tired and treacherous. A state that requires new questions, new perspectives, new futures to explore.
The conference has two full days of presentations, networking and workshops at the École des Ponts Business School in Paris on the 25-27th October, and pre-conference side-events and activities on the 23-24th October. To celebrate the 50th Anniversary of the Federation, we are organising activities that reflect the past 50 years, and discuss the next 50 years.
We choose liminality as an organising concept for the conference to reflect on the liminalities we are experiencing today. As futurists, we are dealing with change, transformation and uncertainty, and as transitioning into new stages, we are often confronted with liminal spaces that exists between pasts and futures. We have a wide range of tools to explore future opportunities and prepare the present to transform into preferable futures. Our community of futurists is committed to practice futures studies and foresight in all areas of life, and always stay inclusive and open to all members of society. Our members are practicing futures studies and foresight in all levels of industry, government, NGOs, and also, make sure that education of all levels is also includes futures and futures thinking.
The aim of this conference is to bring together scholars, researchers, and practitioners from a wide range of disciplines to explore the concept of liminality and its implications for our understanding of human experience, identity, and culture. Through a series of presentations, workshops, and discussions, we hope to generate new insights, spark innovative ideas, and build a community of scholars and practitioners who are committed to exploring and practicing futures.
Conference program: wfsf2023paris.org
Session ‘Science-Fiction, Future Worlds and Future Cosmologies’ moderated by Thomas Lombardo, director of the Center for Future Consciousness
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
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Researching the Future through Art
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Institute For The Future (IFTF), Palo Alto, USA, 2023.
Ce webinar, organisé par le prestigieux Institute For The Future de Palo Alto avec lequel elle avait déjà travaillé en 2012, est l’occasion pour RBW de présenter l’ensemble de son écosystème de recherche artistique et prospective, organisé en différents laboratoires.-
Ses pratiques artistiques, que ce soient celles de son Image Lab, ou encore la créations de diagrammes artistiques, lui permettent d’introduire des matériaux et formats artistiques dans ses méthodes et expérimentations de recherche prospective, et tout particulièrement dans ses labs de R&D tels que Paris Galaxies (2008-17), puis TAC Future Lab.
-
Ses travaux prospectifs mettent également l’accent sur la contribution de la sphère culturelle à la fabrique du futur, et notamment le futur de la résilience urbaine.

Présentation du webinar
“When logic only gets us so far, art provides a creative free zone to explore and begin a mindset transition to future solutions”.
In this new episod of the Foresight Talks, IFTF invites Raphaële Bidault-Waddington, artist and futurist, founder of LIID Future Lab in Paris, in a conversation with Rachel Hatch, IFTF Chief Operating Officer.
During the session, RBW will come back on her hybrid background and artistic research journey, which lead her to become a futurist, and share some concrete projects – including with IFTF and Aalto University in 2012 -, showing how she designs transdisciplinary laboratories and methodologies.
As part of LIID Future Lab’s R&D, she carried from 2008 to 2017 a multi-awarded project on the future Greater Paris Metropolis at Paris 1 Pantheon Sorbonne University with an ecosystem of partnering schools, which allowed to experiment truly out of the box future research experiences on near and far futures (150 yrs ahead).
Since 2017, LIID’s latest R&D TAC Future Lab addresses the current Anthropocene, AI and post-humanist paradigm shift, which deeply shakes western anthropological and epistemological foundations, and explores new research strategies to co-create meaningful futures.
Recording of the webinar available on Youtube
Slides de l'intervention
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
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closing keynote
Labor Digital International Conference, ZhDK (Arts Academy), Zurich, 2023
Dans le cadre de cette conférence à la Haute Ecole des Arts de Zurich, Raphaële Bidault-Waddington est invitée à présenter ses différents laboratoires de recherche artistique et prospective et de montrer comment ils favorisent la production et le partage de connaissance transdisciplinaire, et l’apprentissage par l’investigation et l’expérimentation collaborative.-
Son lab de R&D Paris Galaxies sur le Futur du Grand Paris a permis de prototyper de 2012 à 2017 de nombreuses méthodologies, que ce soit par l'image, le récit, le projet ou l'espace de travail - y compris dans l'espace urbain qui devient terrain de jeu et d'apprentissage. A sa suite, TAC Future Lab expérimente depuis 2017 d'autre modalités exploratoires.
-
L’introduction permet de reformuler une définition de ce qu’est à ses yeux un laboratoire, soit un cadre conceptuel permettant de structurer et faire vivre un processus de recherche autour d’enjeux définis, et selon une diversité de méthodologies et de formats qui peuvent être artistiques, académiques, prospectifs, innovants, ou hybrides.
Presentation
Raphaele Bidault-Waddington, is the founder of LIID Future Lab, a foresight research platform designing future labs in artistic, academic, urban and corporate contexts.
From 2012 to 2017, its multi-awarded lab on the future Greater Paris metropolis (with Paris 1 Pantheon Sorbonne University) prototyped a series of mixed future research and transdisciplinary pedagogic innovations. Its latest R&D lab “Toward Alien Cosmologies” addresses post-human futures and continues innovating at the frontier of future research, art and co-learning.
Interview complémentaire suite à la conférence
What does the format of the lab/laboratory mean to you?
Historically laboratories were specific spaces where to access certain tools, make experiences or design and test experimental protocols in order to extract learnings, to innovate or to produce (scientific and non-scientific) knowledge. The concept of laboratory is in fact rather fluid. In a more recent time, other types of laboratories without specific tools and places, such as learning lab, urban labs, living lab, future lab, art lab, and so on, have emerged. Philosopher Bruno Latour has even introduced the idea that the real world should be the laboratory to learn directly from.
As an alternative definition, in the last twenty years, I have been using the notion of laboratory as a conceptual frame to design, organize and unfold a research process, geared toward a certain critical challenge or topic, and combining experiences or experiments, and learnings (knowledge production and sharing). These learnings can be considered scientific if the lab respect academic rules and protocols, and positions them in relation to a discipline’s state of the art. But they can also be hybrid, peri-scientific or non-scientific when other methods, experiments and knowledge formats are used.
The labs I create as an artist-researcher and future lab designer, always have a speculative dimension, and mix artistic, future, urban and transdisciplinary academic research methods, experiences and formats. Then a laboratory can be very short or very long (from one day to several years), evolve through time (different than a project or a production with a clear expected output), more or less open and collaborative, and involve a small or large number of participants.
What’s your favorite project that explores the future with a lab perspective?
My most thrilling project at the moment is the future lab “Toward Alien Cosmologies” that I started in 2017 to explore Artificial Intelligence future implications, and then expanded to the Anthropocene and post-Truth paradigms, which raise similar holistic future challenges. This lab is my most advanced future research where I’m trying to design new ways of exploring possible future worlds (cosmologies) when everything and at all scales, is radically uncertain.
The Anthropocene requires that we reinvent the way we live on Earth; AI (and technologies) challenges human capacities, certitudes, and politics and raise deep ontological issues; and the post-Truth shakes our relation and trust in any form of truth, as if everything has become somehow alien. This paradigm calls for a profound anthropological and transdisciplinary epistemological reset, which cannot be address with conventional rationality and that’s why and where Art is important. This lab is certainly not reasonable, in all the senses that term can take.
It also echoes post-humanist questions and philosophies as I develop in my article “Designing post-human futures” in Knowledge For the Anthropocene (E. Elgar Press, 2021).
A dedicated website, recollecting all the lab’s research episodes (workshops, exhibitions conferences and publications in France, US, Norway, Germany, Switzerland, etc.) since 2017 is due later this year.
Suite de l’interview sur le site du E-Learning Lab de ZHdK
Slides de l'intervention
A propos de Labor Digital
The conference will explore the questions of which scientific and historical foundations today’s labs are based on. Which exploratory learning and teaching forms, which interdisciplinary methods are lab-specific and what potential does the digital laboratory have for inspired, critical thinking?
Will the learning of the future take place in labs? Can experimental, explorative learning with experts and peers facilitate innovative forms of teaching and learning?
What role does digitality play, and what artistic and design-oriented approaches are we developing in labs? And how can we integrate these methods as small interventions in teaching practice or use them as an entire teaching unit? We will explore these questions analytically and playfully at the LaborDigital conference.
Programme de la conférence : https://paul.zhdk.ch/course/view.php?id=2312#section-2
Compte-rendu de la conférence : https://elearning.zhdk.ch/experience/labordigital-experimental-learnings-an-der-zhdk-1
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Artistic Research For Future Challenges, A2RU x Learning Planet Festival, 2023
Artistic Research For Future Challenges
panel organisé par A2RU (Alliance for Artistic Research in Universities)
Programme online du Learning Planet Festival, Learning Planet Institute (ex-CRI), Paris, 2023.
Ce festival très ouvert fédère chaque année une vaste communauté internationale, académique et péri-académique, engagés sur le terrain de l’éducation, de la production de connaissance au service du Développement Durable, et de l’innovation pédagogique et inclusive.-
Dans ce cadre, A2RU (fédération d’universités rattachée à l’Université de Michigan, USA) invite des acteurs de la recherche artistique venant servir ces enjeux, que ce soit en approfondissant les leviers de la créativité, en créant des ponts entre expérimentation artistique et innovation, en favorisant la transdisciplinarité, et ou encore en allant vers la prospective.
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Raphaële Bidault-Waddington met l’accent sur le vocabulaire spécifique qu’elle utilise, tel que les notions d’ingénierie d’idées, d’intelligence esthétique, de recherche polygonale, de « art-based future research » pour adresser ces différentes questions.
Présentation du panel
In recent years, a growing number of researchers from the field of the Arts, are developing, in and beyond academia, innovative approaches to address the future and its critical challenges, such as the environment, post-coloniality or technologies, and have an increased impact on society.
The arts are a universal language. In our education systems and research methodologies, these essential tools and perspectives the arts offer have been underutilized. This group of creative futurists and arts-integrated researchers are working to re-integrate the arts to benefit learning and understanding of the earth and each other. Artists and creatives are known for methods that are speculative, non-reductive, and attend to both humanistic and natural concerns. This session will explore the promise and the power of the arts to address systemic problems.
For this exploratory round-table at the Learning Planet Festival, a2ru is pleased to invite four art-based researchers who are pursuing pioneering research practice, platforms and strategies to contribute to future research and positive change. Together, they will share their experience, and discuss how to better value and amplify that movement.
Participants in this roundtable are actively exploring and practicing creative integration in the public sector, higher education, and industry.
Speakers:
Aaron Knochel, Professor, Penn State University
R. Benjamin Knapp, Director, ICAT, Virginia Tech
Raphaële Bidault-Waddington, artist-researcher, futurist, LIID Future Lab
Theo Edmonds, Associate Dean/Co-Founder, University of Colorado Denver/Imaginator Academy
Moderator: Maryrose Flanigan, Executive Director, Alliance for the Arts in Research Universities (a2ru).
Recap : https://a2ru.org/recap-a2rus-artistic-research-for-future-challenges/
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Futur des Musées, Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 2022-23
Futur des Musées et Transitions
Incubation d’un futur lab au sein des équipes du musée
Musée d’Art et d’Histoire, Ville de Genève, 2022-23
Le projet consiste à mettre en marche un processus d'exploration prospective (futur lab) au sein des équipes du musée, afin de tourner les regards vers l’avenir, aider les collaborateurs à s’approprier le/leur futur, soutenir la définition d’un nouveau concept muséal, et accompagner les transformations en cours et à venir.-
La première étape était un masterclass 'Panorama des Transitions' avec quasiment l’ensemble du personnel (80 personnes), qui permet de commencer à appréhender collectivement les enjeux prospectifs des musées dans cet horizon grand ouvert et en mutations profondes.
-
Ces enjeux sont ensuite approfondis dans les mois qui suivent dans un programme d’ateliers prospectifs qui viennent irriguer les différentes activités et ambitions du musée. Les équipes sont formées pour poursuivre le travail en toute autonomie.

Présentation du projet
Situé au cœur de la ville, le Musée d’Art et d’Histoire de Genève est le 3e plus gros musée de Suisse, avec une collection de plus de 600 000 artefacts composés aussi bien d’œuvres d’art de différentes époques, que de pièces archéologiques, d’objets, d’armes, d’horlogerie, ou de numismatique. En choisissant un nouveau directeur issu de l’art contemporain, la Ville de Genève a souhaité donner un nouveau souffle à ce musée un peu vieillissant.
Le futur lab incubé a vocation à la fois à embarquer toutes les équipes du musée dans ce mouvement de réinvention audacieuse, et à nourrir la définition et le positionnement du nouveau concept muséal porté par la direction. L’objectif est de favoriser l’appropriation du futur par toutes les équipes en toute sérénité, et de soutenir la redéfinition du projet muséal et stratégique (en amont de toute communication), raison pour laquelle il s’est joué exclusivement en interne pour commencer.
Le masterclass introductif « panorama des transitions et enjeux prospectifs des musées » permettait à chacun de conscientiser le changement de paradigme actuel, et commencer à sentir et échanger sur comment les musées s’inscrivent dans ce monde en profonde transition. Le format masterclass (45mn de temps de parole, 45mn d’échanges à bâtons rompus avec le public) s’est avéré très efficace pour amorcer cette discussion collective (environ 80 participants).
Dans la foulée, les participants s’inscrivaient à un programme d’ateliers d’approfondissement prospectif dans les mois qui ont suivi, l’objectif étant qu’elles s’autoorganisent pour les poursuivre en toute autonomie. Par respect de nos engagements contractuels de confidentialité, nous ne divulguons pas les thèmes et contenus de ces ateliers prospectifs, dont certains sont très pragmatiques, appliqués ou stratégiques, d’autres plus spéculatifs, artistiques ou théoriques.
Le programme est accompagné de la mise en place d’outils de partage de connaissance et d’idées entre pairs, ainsi que d’un engagement et des modalités d’expérimentation régulière dans tous les départements du musées (conservation, programmation, services des publics, innovation, développement numérique, relations extérieures, gestion interne, etc.).
Des liens sont créés avec les autres programmes transverses ou extérieurs du musée (innovation, développement durable et urbain), ou encore avec le projet architectural associé au nouveau concept muséal en cours de définition.
Des points d’étapes réguliers permettent d’apporter des recommandations et d’affuter toutes ces modalités dans la plus grande fluidité.
Slides du masterclass introductif
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
Axe 3 : Art et Recherche Prospective
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Art & Foresight
Introducing an Art-based and Future Research Ecosystem
A2RU Webinar Series, University of Michigan, USA, 2022.
A2RU, réseau rattaché à l’Université de Michigan et rassemblant une quarantaine d’universités américaines engagées pour la recherche artistique, invite Raphaële Bidault-Waddington à présenter son écosystème de recherche artistique et prospective.-
Durant ce webinar, elle en rappelle la généalogie, à commencer par son ancrage dans l’héritage de l’art expérimental et conceptuel qui, depuis les années 70s, déplace le curseur de l'art vers le process, l’expérience ou l'idée, et dialogue avec la sphère de la pensée comme avec la société.
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Depuis plus de vingt ans, des différents laboratoires lui permettent d’adresser les frontières de l’art avec de nombreux domaines (ville, connaissance, économie, etc.) et tout particulièrement la recherche prospective. Le TAC Future Lab vient poursuivre et remobiliser l’ensemble de ses expériences et connaissances.
Slides de l'intervention
Présentation du webinaire
A2RU welcomes French artist and futurist Raphaële Bidault-Waddington to present her expanded art and future research ecosystem. Building on the heritage of conceptual art, her initial statement in 2000 was to consider art as a vast laboratory to explore, question and open critical perspectives on the world, and as a way to produce knowledge, eventually disrupting conventions, borders or disciplines.
Exhibited and published, her image laboratory addresses topics ranging from aesthetic speculation and value(s) creation to cities, metaverses and future world-building, from the digital transition to the post-truth paradigm. Her idea laboratory (renamed LIID Future Lab in 2016), also occasionally published or exhibited, experiments collaborations with organizations at the frontier of art with knowledge, economy, critical design, urban design, innovation and future studies.
From 2008 to 2017, her R&D lab on the future Greater Paris metropolis, hosted at ACTE Institute (Arts Research), Paris 1 Pantheon Sorbonne University, was laureate of several selective academic research and pedagogic innovation programs. Her latest R&D future lab Toward Alien Cosmologies focuses on post-human and post-colonial futures, the Anthropocene and the related anthropological and epistemological reset.
Watch the Webinar: https://a2ru.org/event/introducing-an-art-based-and-future-research-ecosystem/
About the Speaker
Raphaële Bidault-Waddington is an artist-researcher, author and futurist based in Paris and working internationally. Since 2000 she has cultivated an art-based research ecosystem organized in “labs” exploring the borders of art, contemporary world transformations, and hypothetical futures.
Her work has been exhibited in galleries such as Apex Art, in New York, Over Gaden Art Center in Copenhagen, gallery Forde in Geneva, and Colette and La Villette in Paris, and published in art and theory reviews such as Marges (Paris St Denis University), Pylone in Brussels, Les Cahiers Européens de l’Imaginaires in Paris and Susch Muzeum Magazine in Switzerland. Via LIID Future Lab, she has experimented collaborations with universities (e.g., CNRS, Aalto University Helsinki, Parsons School, Science-Po Paris, Lausanne University, IHEST, etc.), urban projects (Copenhagen, Montevideo, Shanghai, Tehran, etc.), cultural places (e.g., Atelier LUMA Arles, Geneva Museum of Art and History) and companies (e.g., Peclers Paris, Bouygue Real Estate, Chanel).
She is a member of international research networks on knowledge economy and futures studies.
All her exhibitions, publications, conferences and collaborations can be viewed on www.rbidaultwaddington.net
Rappel des axes de recherche du lab
Axe 1 : Transitions et Mondes Futurs
Axe 2 : Innovation Méthodologie Prospective
Axe 3 : Art et Recherche Prospective
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